Débat sur rattachement Croix-Rousse à Lyon 1849

En cette date du 2 octobre 1849 le Conseil Municipal de la Croix-Rousse s'est réuni en session extraordinaire sur la convocation de Mr le Maire et d'après l'autorisation spéciale accordée par Monsieur le Préfet du Rhône pour une question mise en délibération : le projet de réunion des Communes suburbaines à la Ville de Lyon.

Une commission avait été créé afin de débattre de ce sujet mais en vain...

Autant vous dire qu'à la lecture de ce Conseil ils n'étaient pas vraiment d'accord ni sur le fond, ni sur la forme avec le projet gouvernemental. Plus tard la Croix-Rousse sera rattachée à Lyon par le décret impérial du 24 mars 1852.

 
Cette présentation est touchante ......la voici....avec beaucoup d'émotion..
 
 
 

« La Croix-Rousse, vous le savez doit son nom à l'une des expressions symboles chrétiens qui apparurent dans nos contrées. Le hameau de Cuire qui l'avoisine plus faible de population, lui était uni de temps immémorial ; Ces deux communes étaient appelées Cuire-Croix-Rousse. »
« Pendant de longues années la Communauté vécut en paix et fut prospère ; le roulage pour la principauté de Dombes, sa Comté, l'Alsace et la suisse, n'avait pas d'autre route, en l'absence de voies riveraines qui se sont élevées depuis ; mais quand la révolution éclata et vint régénérer la France, Lyon, malheureusement entrainé, crut devoir combattre contre la Convention ; ce qui assura une scission entre les deux Communes unies qui appuyèrent chacune un parti différent. La Croix-Rousse fut alors punie cruellement de son attachement pour les Lyonnais : par un arrêté Gauthier et Dubois-Crancé en mission dans notre département, sous la date du 22 septembre 1793, Cuire son adjonction lui fut enlevée « cependant elle continua de s'administrer seule, et n'a jamais cessé d'être une commune indépendante.
« La Croix-Rousse ne possédant plus la route du Nord, elle était tout à fait rurale sous la République de nos pères, sauf quelques exceptions elle commença sa transformation sous l'Empire ; aujourd'hui elle est presque entièrement manufacturière et possède à elle seule le tiers Des métiers à tisser la soie du Département du Rhône.
On sait comment le malheureux ouvrier tisseur était autrefois logé à Lyon ; celui dont les mains habiles produisaient le tissu le plus fastueux, l'étoffe la plus admirable par sa finesse et ses riches couleurs, habitait un galetas resserré, sans air et sans lumière. L'intelligence humaine en se développant, à modifié cet état de choses ; la Croix-Rousse, située sur la Colline adossée à Lyon, était providentiellement placée pour satisfaire aux conditions de l'hygiène et de l'art, des maisons hautes, spacieuses et largement éclairées y furent élevées ; il y acquit un air pur et une jour éclatant si favorables à la fabrication d'une étoffe qui fait la gloire et la richesse de la France.
« Gagnant peu, même quand le travail abonde, malgré les journées longues et pénibles, l'ouvrier de la Croix-Rousse, trouve au moins quelque économie à habiter une ville à proximité de ses fabricants, avec qui il a des communications si actives, et n'a point à supporter des charges trop lourdes et au dessus de ses forces comme à Lyon.
« La Croix-Rousse est la ville du tisseur.
« Cette ville dont le centre est tout entier sur un plateau élevé, étend ses bras jusqu'aux deux fleuves. St Clair, une de ses annexes est placé sur les bords du Rhône, Serin, sur ceux de la Saône. Tous deux en amont des barrières nord de Lyon.
« St Clair est habité par de petits rentiers, des commis marchands, qui ne peuvent supporter de lourds impôts, des débitants de boissons à d'autres petites industries peu lucratives.
« Serin est le bercy de Lyon, c'est-à-dire ne possède guère que ces entrepôts de vins, dont les marchands habitent le pays vignoble ou bien Lyon ; Ce Commerce fait comme on le sait, les fortes taxes et les perquisitions rigoureuses.
« La Croix-Rousse toute entière a un budget qui ne s'élève pas à 250 000 Francs sur lesquels elle prélève annuellement 60 000 Francs d'excédant de Recettes pour ses dépenses extraordinaires ; elle n'a que 300 000 Francs de dettes après une année de calamités, comme celle qui vient de s'écouler ; son Conseil municipal est composé de 28 membres, ses élus ; son administration est paternelle, parce qu'elle est son émanation ; enfin elle a l'espoir et le désir de voir terminées les tourmentes politiques et commerciales qui l'ont agitée.
« Voilà ce qu'était la Croix-Rousse et ce qu'elle est aujourd'hui. Voyons maintenant ce qu'on lui prépare pour le nouveau projet de loi.....


(Source Archives Municipales de Lyon)


Le croix-Roussien a toujours mis la Croix-Rousse comme indépendante, on dit bien "on descend en ville" alors que nous sommes en ville. En 2023 nous avons conservé cette image de ville à part.

La Croix-Rousse d'hier a su garder son "âme" de petit village en ville.